Porsche1970

914/6

Plus de 50 ans plus tard, le châssis 9140431377 se trouve désormais en Belgique : un exemplaire exceptionnellement original qui se démarque de ses pairs. Toujours peinte en ivoire clair d'usine, avec un moteur, une boîte de vitesses et une couleur assortis confirmés par Porsche, cette voiture a été remarquablement bien conservée. Mais il ne s'agit pas de fiches techniques ou de jargon de collectionneur. Il s'agit d'une âme. Et celle-ci en a une tonne. Livrée neuve par Sonauto Paris en avril 1970 et immatriculée pour la première fois dans la ville ensoleillée d'Avignon, elle présente tous les détails nécessaires : intérieur en similicuir noir, vitres teintées et lunette arrière chauffante. Appréciée plus tard le long de la côte à Cagnes-sur-Mer, elle a rejoint la Belgique en 2017, où elle est chérie depuis. Contrairement à tant de 914 victimes de la rouille, de la négligence ou d'améliorations créatives, celle-ci est restée magnifiquement intacte. La carrosserie est droite, les panneaux s'ajustent parfaitement et même le dessous de caisse est propre et sec : du métal pur et bien conservé.

Ce qui la distingue vraiment, c'est son historique. Plus de 50 factures d'entretien couvrant près de 40 ans, de 1979 à 2016, constituent une trace écrite méticuleuse et éloquente. L'immatriculation française d'origine de 2014 est toujours présente, ainsi que les registres de changement de propriétaire. C'est le genre de provenance dont rêvent les collectionneurs sérieux, et un signe évident que cette voiture a toujours été traitée avec respect. Mécaniquement, elle répond à toutes les attentes. Le six cylindres à plat 2,0 L d'origine est performant, d'une grande clarté mécanique et toujours prêt à monter en régime. La boîte de vitesses de la 901 – oui, avec le classique coude en premier – est précise et inspire confiance. Tout semble réglé, réglé et prêt à être apprécié. Sur la route, c'est un pur bonheur. La disposition du moteur central lui confère un équilibre étonnant. L'entrée en virage est immédiate, les virages sont plats et elle aborde les courbes avec une telle agilité qu'elle transforme les courses en prétexte à un détour. Elle est plus progressive qu'une 911, plus agile qu'une 356, et juste assez brute pour maintenir l'intérêt. C'est une Porsche qui ne demande qu'à être conduite – souvent et avec détermination.

Et puis, il y a un petit plus : elle est pratique. Avec le moteur central, la 914/6 n'a pas un, mais deux coffres. Même avec la capote Targa rangée à l'arrière (ce qu'elle fait avec brio, sans chichis), il reste de l'espace. Ce n'est pas une voiture dont on doit se plaindre : elle fonctionne, tout simplement. Le toit lui-même ? D'une simplicité éclatante. Léger, facile à retirer et agréablement sans fuites ni tracas. Pas de gymnastique, pas de bizarreries vintage : il suffit de cliquer, de soulever, de ranger. À l'intérieur, c'est délicieusement années 70. Tableau de bord tressé, boîte à gants relevable et aménagement étonnamment ergonomique. La visibilité est excellente, l'habitacle est plus large que prévu, et même les conducteurs de grande taille s'y installent confortablement. Tout semble original et Porsche à la fois. La 914/6 est peut-être le secret le mieux gardé de Porsche. Une voiture qui offre une véritable dynamique de voiture de sport, une réelle maniabilité et un caractère à revendre. Pendant des décennies, elle a été incomprise : trop étrange, trop différente, trop risquée. Mais plus maintenant. La tendance a changé. Les prix grimpent. Et des exemplaires authentiques, sans rouille et assortis comme celui-ci sont de plus en plus difficiles à trouver.