Mercedes-Benz1955

300SL Gullwing

Achevée à l'usine le 10 janvier 1955, elle fut livrée à l'origine en Rouge Feu (DB 534) sur un intérieur noir – une combinaison audacieuse et captivante qu'elle arbore encore fièrement aujourd'hui. Et si de nombreuses Gullwings arborent des spécifications impressionnantes, c'est son histoire qui la distingue. En 1971, alors que M. Hermann Quint, dans le Connecticut, était propriétaire de la voiture, une décision décisive fut prise. Plutôt que de se contenter d'un entretien de routine au garage local, M. Quint fit l'impensable : il renvoya la voiture outre-Atlantique, directement à Stuttgart, le cœur même de Mercedes-Benz. Pourquoi ? Parce qu'il comprenait qu'une voiture de ce calibre ne méritait rien de moins que des soins dignes d'une usine. Le résultat ? Une reconstruction complète par Mercedes-Benz, incluant – comme le confirme la facture d'origine – l'installation d'un bloc moteur en aluminium léger et d'arbres à cames sport. Aucun compromis. Que l'excellence.

Avançons jusqu'en 1978 : entre en scène M. John Olsen, rédacteur et éditeur de la SL Market Letter, l'une des voix les plus respectées du monde Mercedes-Benz. Le choix d'Olsen, connaisseur dans tous les sens du terme, pour cette Gullwing en dit long. Mais Olsen n'était pas seulement un écrivain : c'était un pilote. Un puriste. Un homme qui croyait en l'âme d'une voiture. Il ne se contentait pas de posséder cette Gullwing : il la vivait. Il la conduisait. Il la pilotait en course. Il s'est attaché à elle. Ses lettres manuscrites, qui accompagnent encore la voiture aujourd'hui, témoignent d'une relation qui se mesure non pas en spécifications, mais en émotions. Sous sa direction, cette Gullwing a acquis un palmarès sportif digne d'un album de grands succès. En 1983, elle a traversé les États-Unis lors de la légendaire Cannonball Run, terminant troisième au classement général, derrière seulement deux machines modernes. En 1986, elle fonça à Laguna Seca lors des courses historiques de Monterey, terminant deuxième sur trente 300 SL. Et en 1987, elle participe à la Mille Miglia avec Tom Warth, fondateur de Classic Motor Books, comme passager. Elle fit la une des journaux, littéralement. Puis vint 1988. La voiture passa entre les mains d'une autre figure emblématique de l'univers Mercedes-Benz : Alex Dearborn, fondateur de la Dearborn Automobile Company. Encore une fois, un véritable passionné qui se devait d'avoir cette Gullwing. Attiré, sans aucun doute, par sa provenance, sa vitesse et son aura indéniable. Sans hésiter, Dearborn engagea la voiture au Grand Prix 300 SL d'Elkhart Lake Road America et remporta la victoire. Première place. Preuve, une fois de plus, qu'il ne s'agissait pas d'une pièce de musée. C'était, et c'est toujours, une voiture de course. En 1990, elle fut acquise par Herbert Chambers, dont la prestigieuse collection se concentrait sur des voitures à la fois racées et pleines d'âme. La facture de vente originale est toujours conservée, faisant partie des archives considérables qui accompagnent la voiture à ce jour. Ces archives comprennent des photos de course, des feuilles de jugement, des coupures de presse, l'historique d'entretien et, surtout, la correspondance personnelle d'Olsen. Une documentation aussi riche, crédible et complète que la voiture elle-même. Aujourd'hui, la Gullwing est entre les mains de Belges. Son actuel propriétaire a veillé à ce qu'elle reçoive l'attention qu'elle mérite avant d'être mise en vente. Notre atelier interne a effectué une révision mécanique complète d'une valeur de plus de 10 000 €, comprenant une réfection complète du système de freinage (maître-cylindre, servomoteur, pompes, conduites), la restauration d'un alternateur, quatre pneus neufs et un entretien complet. Le résultat ? Une Gullwing aussi exaltante qu'elle en a l'air. Dès que le moteur démarre, la voiture s'anime. La position abaissée. La suspension sport ferme. Le rugissement métallique du bloc en alliage. Ce n'est pas une classique endormie. Elle est précise, alerte, réactive : une symphonie mécanique en mouvement. Au volant, ce n'est pas seulement une promenade. C'est un dialogue avec l'histoire.